Jean-Jacques Chauveau : “Le plaisir d’être au service de la clientèle”
Paris (75) Au Pré Catelan depuis trente-cinq ans, le directeur de restaurant n’échangerait sa place pour rien au monde. Rencontre avec un professionnel qui a la passion du métier chevillée au corps.
Directeur de restaurant de l’année pour le Gault&Millau en 2007, Bernache d’or du groupe Accor en 2008, entrée dans le Who’s Who la même année, meilleur maître d’hôtel du monde selon l’Association internationale de la gastronomie (AIG) en 2013, lauréat du trophée Excellence de l’accueil par Gault&Millau en 2015… La liste de prix et distinctions attribués à Jean-Jacques Chauveau vaut le détour. “Je ne fais pas mon métier pour obtenir la gloire. Je le fais par passion, avec le plaisir d’être au service de la clientèle qui vient pour goûter la cuisine trois étoiles de Frédéric Anton“, déclare le directeur de restaurant du Pré Catelan à Paris (XVIe). À la sortie de l’école hôtelière Jean Drouant, je suis aussitôt parti à l’étranger – Angleterre, États-Unis, Allemagne – pour me familiariser avec les langues. C’est une nécessité quand on côtoie une clientèle internationale.” Il en parle cinq aujourd’hui. Arrivé au Pré Catelan en qualité de maître d’hôtel en 1980, il officie depuis trente-cinq ans dans le magnifique établissement niché au coeur du bois de Boulogne. “Une performance, avoue l’homme de 57 ans, qui a consacré sa vie au Pré Catelan. J’avais 27 ans quand on m’a nommé directeur.”
“Je ne suis pas académique” De 8 h 30 à 1 heure du matin, il est toujours à pied d’oeuvre. Il prend lui-même les appels pour les réservations. Un premier contact qui lui permet de décrypter les attentes des clients. À leur arrivée, il les accueille, les place avec une part de psychologie apprise au fil du temps : le client discret sera placé dans un endroit confiné, celui qui est plus affirmé sera au coeur de la salle. Les clientèles étrangère et française sont mélangées. “Je ne prévois aucun plan de table. Je cherche à mettre en valeur le client, à deviner ce qu’il est venu chercher avec discrétion, tact et humour parfois, pour le placer à table.” À ses côtés, une équipe de vingt personnes, dont trois maîtres d’hôtel et trois chefs de rang – qui ont entre vingt et trente ans de maison – et sept apprentis. “Je crois beaucoup au système de l’alternance. Il faut laisser la chance aux jeunes. Ils sont encadrés et peuvent, bien sûr, servir les clients.” Les trois salles du restaurant ont été refaites en 2007, l’année de l’obtention des 3 étoiles Michelin, par l’architecte Pierre-Yves Rochon. Baptisées l’Orangerie, la Rotonde et le salon Orsay, elles ont des ambiances différentes mais dans les mêmes tons de vert, de blanc et de noir. Ces trois salles en enfilade peuvent accueillir 50 couverts. Le mobilier s’intègre harmonieusement dans le décor, tout comme l’argenterie. Il n’y a pas de guéridon, et seule une console se cache dans le sas, à l’entrée de la cuisine. Les plateaux ne sont pas posés pendant le service, ni pour le débarrassage. Il faut donc deux personnes pour s’occuper d’une table. “On doit être le plus discret possible, indique Jean-Jacques Chauveau. Nous ne réalisons pas de technique en salle. C’est l’aspect visuel des assiettes de Frédéric Anton – des oeuvres d’art – que nous mettons en avant.” Autre atout du métier, le directeur de restaurant a pu tisser “un réseau fabuleux dans tous les strates de la société”. En trente-cinq ans, il a vu défiler des artistes, des personnalités politiques… et créer des relations personnelles, jusqu’à les voir en dehors du travail. Vol sur un avion de combat, immersion en sous-marin… Jean-Jacques Chauveau a vécu des expériences insolites qui ne sont pas données à tout le monde. Une richesse qu’il doit à son métier.
_______________________________________________ Les arts de la table Dans les trois salons, le nappage des tables diffère. Dans la salle principale, les nappes blanches, avec leur juponnage beige, recouvrent entièrement la table, pour une ambiance conviviale et intimiste. Dans le salon attenant, les nappes sont cachées dans un rebord métallique pour laisser les pieds de la table apparents, ce qui donne une atmosphère plus légère. Les assiettes de présentation en porcelaine sont siglées Le Pré Catelan par la maison Bernardaud. Les couverts en argent (Christofle) sont posés de manière classique : tête de fourchette et tranchant du couteau côté nappe. S’ajoutent deux verres à pied (vin rouge et eau) Ridel. L’assiette à pain Bernardaud et le couteau à pain Christofle, à la gauche de l’assiette de présentation, accueillent une serviette blanche pliée en deux. En décoration de table : un ménage sel-poivre en argent Christofle et une goutte d’eau où se trouve une rose blanche. ______________________________________________________ La sommellerie Le restaurant du Pré Catelan propose une cave de plus de 30 000 bouteilles avec 5 000 références. On y trouve les derniers coups de coeur de David Rivière, le chef sommelier depuis quinze ans, qui travaille avec une équipe de trois sommeliers. À noter : un chariot de champagnes avec une collection sans cesse renouvelée ainsi qu’une large sélection de vins au verre.
Hélène Binet
En dates |
• 1957 : naissance à Couffé (44) • 1975 : diplômé d’un BTH à l’Ecole hôtelière de Paris Jean Drouant • 1976 : assistant maître d’hôtel à Sopwell House à St Albans (Royaume-Uni) • 1977-1979 : maître d’hôtel au restaurant La Tour à Indiana (USA), puis à l’Hôtel Intercontinental à Francfort (Allemagne) • 1979-1980 : Service militaire à Vincennes (94) • 1980-1983 / Depuis 1984 : maître d’hôtel / directeur de restaurant au Pré Catelan à Paris (XVIe) • 2011 : diplômé d’un Doctorat en management de la restauration à l’IEMI Prix et distinctions : directeur de restaurant de l’année par Gault&Millau en 2007, bernache d’or du groupe Accor en 2008, entré dans le who’s who en 2008, meilleur maître d’hôtel du monde par l’AIG en 2013, lauréat du trophée Excellence de l’accueil en 2015 |
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